Selon certains confrères, de plus en plus de jeunes âgés entre 18 et 35 ans se livrent à des opérations de chirurgie esthétique. Or, il n’y a pas très longtemps encore, ce sont les femmes et les hommes au-delà de la quarantaine qui souhaitaient masquer diverses séquelles du vieillissement en se faisant opérer.

Il y a donc lieu de se demander, qu’est-ce qui suscite tant cet engouement pour les actes de chirurgie esthétique. Pourquoi les gens veulent-ils se faire opérer ?

Corriger les imperfections physiques

La chirurgie plastique avant de devenir esthétique, est d’abord une chirurgie réparatrice. Ainsi appréhendée, la chirurgie plastique répondrait à ce souci d’avoir un corps sans tares, un corps parfait. Plus précisément, face à certaines imperfections que la nature ou la génétique dans sa construction de l’humain engendre, il se manifeste un souci de corriger de telles disgrâces. Nul ne saurait être réellement heureux de naître avec un nez dévié, de grandes oreilles ou de se retrouver au fil des ans avec une énorme poitrine. Ainsi, rhinoplastie réparatrice, otoplastie ou réduction mammaire se verront non pas comme des actes d’embellissement du corps, mais bien plus de réparation.

Le désir au cœur de la chirurgie esthétique

Mais à côté, on ne peut ignorer le rôle du désir comme le note si bien Mattei dans son livre intitulé Philosophie de la chirurgie esthétique : Une chirurgie nommée DÉSIRS. Accusant les médias d’avoir érigé la bimbo, « jeune femme superficielle qui prend exagérément soin de son apparence pour mieux jouer des ces charmes » en égérie du genre humain, l’auteur pense qu’on a fini par nourrir chez ceux qui courent vers la chirurgie esthétique pour remodeler leur corps, un désir qui en réalité n’était pas le leur. René Girard ne nous dit-il pas que notre désir n’est pas le nôtre, mais celui d’un tiers, que le désir est « essentiellement mimétique » ?

Pour traduire ce propos en de termes plus simple, un tour sur certains sites internet nous révèle cette cruelle vérité. Si on veut une augmentation des fesses, c’est pour ressembler à Kim Kardashian. D’autres inspiratrices de la chirurgie esthétique existent pour toutes les interventions proposées. Il faut ressembler à…

L’influence des autres

Parler du désir mimétique comme le fait l’auteur du Bouc-émissaire, c’est reconnaître la part de la culture dans le développement de l’humain. Cette culture étant un ensemble de moment de partage, un héritage, il va de soi que les autres influencent nécessairement sur la manière d’être. Tel est d’ailleurs l’avis de Jean-Paul Sartre pour qui, « nous ne sommes-nous qu’aux yeux des autres et c’est à partir du regard des autres que nous nous assumons comme nous-mêmes ». Certes l’auteur de L’Existentialisme est un humanisme entend par là que malgré l’influence du regard des autres, l’homme véritable doit pouvoir décider de son devenir, mais n’est-il pas vrai qu’« au regard des autres, le meilleur costume qu’il vous sied est celui qu’ils vous taillent » comme l’écrit Serge Zeller ? Comment donc ne pas céder parfois à cette pression externe ? Ce serait donc bien parce que d’incessantes et inopportunes remarques se font sur le physique d’un tel qu’il choisirait un lifting du visage, une blépharoplastie ou même une augmentation mammaire.